Joël Lemoigne (Triton) – Sea Star

Né le 8 juillet 1912 à Brest (Finistère), fusillé le 21 août 1944 à Heilbronn (Allemagne) ; fonctionnaire de la Marine ; résistant du réseau SR Alliance.

Joël Lemoigne alias « Triton » ou « Z.1 » était le fils de Henry Amynta, chef de bataillon d’infanterie coloniale et d’Élisa Pauline Marie Demeule. Il était célibataire.
Diplômé des sciences politiques, il était employé au ministère de la Marine.
Fait prisonnier le 25 juin 1940, il s’évada et entra dans la Résistance au réseau de renseignements militaires Alliance. Il aurait débuté sur la région de Toulon avec les pseudonymes « Triton » ou « Neptune » et il était chargé de recueillir des renseignements qu’ils remontaient régulièrement à Paris pour les vérifier et sélectionner ceux qui devaient être transmis à Londres. Il fut contacté vraisemblablement en décembre 1942 par l’ingénieur Stosskopf et devint responsable du secteur maritime « Sea Star » à Brest qui opérait sur toute la zone côtière de la région Bretagne.
Suite à l’infiltration du réseau par l’Abwehr, Joël Lemoigne fut arrêté à Porspoder (Brest) en novembre 1943 et emprisonné à la prison de la ville puis à Rennes et à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Il fut déporté le 16 décembre 1943 au départ de Compiègne à destination de l’Allemagne et incarcéré à la prison de Kehl-am-Rhein (Bade-Wurtemberg). La Gestapo de Strasbourg transmit son dossier d’accusation au Tribunal de guerre du Reich qui y appliqua les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Il fut transféré le 6 mai 1944 à la prison de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg) où il fut jugé le 23 juin par le 3e Sénat (Chambre) du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser et condamné à mort pour espionnage au profit d’une puissance ennemie. Il fut transféré à la prison de Schwäbisch-Hall en attente de la confirmation du jugement par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal de guerre qui arriva le 10 juillet suivie du rejet du recours en grâce le 17 juillet.
Le 18 août, le directeur de la prison de Schwäbisch-Hall fit le tour des cellules pour prévenir les détenus qu’ils allaient être transférés dans la nuit du 20 au 21 août et que leurs affaires personnelles devaient rester sur place. Ils durent remplir une étiquette indiquant leur adresse en France pour les y envoyer. Dès lors ils comprirent le sort qui les attendait.
_Joël Lemoigne et 23 autres codétenus furent conduits en camionnette par groupes de huit, le 21 août à l’aube à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant « Vive la France ». Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar et le dernier vœu des 24 condamnés étant « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau « Alliance » qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg.
Il obtint la mention « Mort pour la France » le 3 avril 1946 et « Mort en déportation » par arrêté du 7 juillet 1994.
Il fut homologué comme chargé de mission de 1ère classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec le grade de capitaine.
Son nom figure sur les plaques commémoratives de l’église Notre-Dame-des-Champs, à Paris 6e arr. et de l’Ecole libre des sciences politiques, à Paris 7e arr. ainsi que sur le monument commémoratif du ministère des Finances, à Paris 12e arr.

SOURCES : http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/-Dossier DAVCC 21 P 79024 communiqué par Delphine Leneveu. — Auguste Gerhards « Tribunal de guerre du 3e Reich », archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. du Cherche-Midi, Paris 2014. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Site internet « Résistance Morbihan ». — Mémorial Genweb. — État civil.

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