Jean-Philippe Sneyers (Escogriffe) – Secteur Petit Hôtel

Né le 27 septembre 1921 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé après condamnation à mort le 21 août 1944 à Heilbronn (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; étudiant ; résistant du réseau SR Alliance.

Fils de Pierre Sneyers, ingénieur armateur, et de Marie Jacqueline Clément, sans profession, Jean-Philippe Sneyers alias « Escogriffe » fit des études secondaires, puis entreprit des études de chimie à Lyon à partir de 1940. À la faculté il fit partie d’une association d’étudiants distribuant des tracts contre le régime de Vichy et l’occupant. L’invasion de la zone Sud interrompit ces activités.
Au printemps de 1943, il fut admis au réseau de renseignements militaires « Alliance », et entra au PC du commandant Faye à Lyon où il prit le pseudonyme d’ »Escogriffe » et fut chargé de transporter des courriers puis de rédiger des rapports. Il était Chargé de Mission 2eme Classe. Dans l’été 1943, il hébergea des agents de passage et en recruta d’autres. Il réalisa un plan du réseau de communication radio allemand en France et fut chargé de la répartition des armes parachutées par les anglais. Convoqué pour le STO, il quitta Lyon et s’installa à Paris d’où il rayonnait pour aller vérifier et mettre au point la sécurisation des postes émetteurs. Il fut désigné par le colonel Edouard Kauffmann comme chef des « APACHES », groupe interne constitué pour sécuriser les membres du réseau. Jean Sneyers fut accusé d’avoir participé à l’assassinat de deux agents soupçonnés de trahison.
Il fut arrêté au retour d’une mission de récupération d’agents à Aulnay-sous-Bois le 16 septembre 1943 en même temps que le commandant Faye et le radio Rodney. Il fut déporté au départ du camp de Compiègne par le convoi du 16 décembre 1943 et transféré à la prison de Kehl-am-Rhein puis à celle de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg). Le dossier d’accusation du 2 mars 1944 fut transmis au Tribunal de guerre du Reich. Jean Sneyers comparut devant le 3e Sénat (Chambre) du Tribunal, présidé par le juge Karl Schmauser et fut condamné à mort pour espionnage et aide à une puissance ennemie. Le jugement fut confirmé à Torgau par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal de guerre, le 26 juin 1944. Jean Sneyers fut classé « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard) et incarcéré le lendemain à la prison de Schwäbisch Hall (Bade-Wurtemberg), dans l’attente du recours en grâce qui fut refusé par le Führer Adolf Hitler le 17 juillet.
Le 18 août le directeur de la prison fit le tour des cellules et annonça à Jean Sneyers qu’il serait transféré dans la nuit du 20 au 21 août et qu’il devrait laisser sur place ses affaires personnelles après avoir rempli une étiquette à son adresse en France pour qu’elles y soient expédiées. Il devina alors quel sort lui était réservé.
Jean-Philippe Sneyers et 23 autres codétenus furent conduits en camionnette par groupes de huit, le 21 août à l’aube, à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés.
Ils moururent courageusement en criant « Vive la France ». Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar et le dernier vœu des 24 condamnés étant « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau Alliance qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg. Il fut inhumé à la nécropole nationale de Strasbourg-Cronenbourg (Bas-Rhin).
 

SOURCES : http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/-Auguste Gerhards « Tribunal de guerre du 3e Reich », archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. du Cherche-Midi, Paris 2014. — « Livre Mémorial des Déportés de France » de la F.M.D. tome 1. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Mémorial GenWeb. — État civil.

Jean-Philippe Sneyers a reçu la mention « Mort pour la France » par décision du Ministère des Anciens combattants en date du 26 juillet 1947. Il obtint la mention « Mort en déportation » par arrêté du 26 février 2013.

NDA : Le colonel KAUFFMANN, chargé de créer un groupe de défense armée pour aider les résistants en difficulté après la première grande série d’arrestations de 1942, choisit SNEYERS pour la sécurité du P.C. en raison de ses qualités personnelles et de son passé (Alsacien réfractaire).
Outre certains membres du réseau déjà en fonction, il lui demanda de rassembler des hommes décidés, armés (ils étaient les seuls autorisés à porter des armes dans le réseau, pour une raison bien évidente) et disponibles à tout moment.

Les APACHES, dont le chef le colonel Kauffmann était appelé « Grand Manitou », comportait une douzaine de membres et pouvaient intervenir dans toute la France, dont Jean-Philippe Sneyers (Escogriffe), Ernest Siegrist (Eléphant),André Rerolle (Cartouche) Jean Perrache (Forçat) et d’autres que nous ne connaissons pas faute d’information et qui portaient des surnoms d’Indiens ou de tribus. Ils étaient en majorité des étudiants, jeunes, restés inconnus de par leur fonction. S’il en existait une liste, le colonel Kauffmann l’aura détruite avant son arrestation.

SNEYERS avait un ami d’enfance : Jean-Paul LIEN (Flandrin), lui aussi Alsacien. Il lui proposa d’entrer dans le groupe des « APACHES », rattaché à « GRAND HOTEL« . Mais il s’est avéré que Lien était un espion infiltré qui causa une partie des arrestations du deuxième trimestre 1943. Il est la cause de l’arrestation de Léon FAYE le 16 septembre 1943 et du groupe du colonel KAUFFMANN de Volvic le 21 septembre de la même année et de son propre ami Escogriffe…

Lien fut reconnu par PIE après la victoire en 1945, paradant avec un brassard FFI dans les rues de Paris. PIE avertit les autorités qui l’arrêtèrent et le fusillèrent.

(Souce : famille Kauffmann)

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