Jean Bouyat (Caviar) – Secteur Grand Hôtel

Né le 28 juillet 1917 à Bordeaux (Gironde), fusillé après condamnation à mort le 21 août 1944 à Heilbronn (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; ingénieur du génie maritime ; résistant du réseau SR Alliance.

Jean Bouyat alias  « Caviar » ou « X.17 » était le fils de Paul et de Jeanne Angèle Lataste. Issu de la promotion 1937 de l’École polytechnique comme ingénieur du génie maritime et il se spécialise dans la construction navale, En septembre 1939 il entre dans la marine de guerre et est affecté à l’arsenal de Bizerte (Tunisie) puis à celui de Toulon. Il est démobilisé en 1942 et est embauché dans la société des Industries navales, à Saint-Tropez.
En 1943 il y rencontre Joël Lemoigne, fonctionnaire du ministère de la guerre, qui fait partie du réseau de renseignements militaires « Alliance ». Il accepte d’entrer dans l’organisation avec le pseudonyme « Polype » pour recueillir des renseignements sur l’armée et la marine de guerre allemande et italienne. C’est lui qui fait le bilan des bâtiments renfloués dans la rade de Toulon après le sabordage de la flotte française. Il est ensuite sollicité par le commandant Faye pour devenir permanent et chargé du codage des rapports.
En juillet 1943, il devient agent principal de renseignements sur la zone Nord, avec le pseudonyme « Caviar ».
Il est arrêté à Paris le 12 août 1943, au domicile de sa mère et déporté le 16 décembre 1943 au départ du camp de Compiègne à destination de l’Allemagne, où il est incarcéré dans les prisons de Kehl-am-Rhein puis Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg). Le 19 mars 1944, le dossier d’accusation d’espionnage est transmis par la Gestapo de Strasbourg, au Tribunal de guerre du Reich, qui y appose les cachets « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que les lettres « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Jean Bouyat est jugé le 3 juin 1944 par le 3ème Sénat ou la Chambre du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser, et est condamné à mort pour espionnage au profit d’une puissance ennemie. Le jugement est confirmé à Torgau le 16 juin par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal de guerre et il est transféré à la prison de Schwabisch-Hall, dans l’attente d’un recours en grâce qui est rejeté par le Führer le 17 juillet.
Le 18 août, le directeur de la prison fait le tour des cellules pour prévenir les détenus qu’ils vont être transférés dans la nuit du 20 au 21 août et que leurs affaires personnelles doivent rester sur place. Ils remplissent une étiquette indiquant leur adresse en France pour les y envoyer. Dès lors ils comprennent le sort qui les attend.
Jean Bouyat et 23 autres codétenus sont conduits en camionnette par groupes de huit, le 21 août à l’aube à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils sont fusillés au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils meurent courageusement en criant « Vive la France ».
Ils sont inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar. Le dernier vœu des 24 condamnés étant « d’être enterrés en France » est exaucé par le réseau « Alliance » qui rapatrie les corps en juin 1947, à Strasbourg. Il est inhumé à la nécropole nationale de Strasbourg-Cronenbourg (Bas-Rhin).
Il obtient la mention « Mort pour la France » transcrite sur son acte de naissance le 8 août 1946 et la mention « Mort en déportation » par arrêté du 29 octobre 2009.
Son nom figure sur le monument commémoratif de l’École polytechnique, à Paris.

SOURCES : http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/-Auguste Gerhards « Tribunal de guerre du 3e Reich », archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, Le Cherche Midi, Paris 2014.— « Livre Mémorial des Déportés de France » de la F.M.D. tome 1.— Mémorial de l’alliance, 1948.— Mémorial GenWeb.— État civil.

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