Gabriel Romon (Cygne) – Secteur Grand Hôtel

Né le 18 juin 1905 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), fusillé après condamnation le 21 août 1944 à Heilbronn (Bade-Wurtemberg) ; officier ; résistant réseau Alliance.

Gabriel Romon alias « Cygne » était le fils de Louis Joseph Prisca, instituteur, âgé de 24 ans et de Gabrielle Irma Constance Lemaitre, sans profession, âgée de 24 ans également. Ils se maria le 5 août 1930 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), avec Denise Sivot dont il eut 3 fils.
Il perdit son père à l’âge de 11 ans et obtint de ce fait une bourse pour effectuer ses études au lycée Faidherbe, à Lille. Il entra ensuite à l’École Polytechnique en 1925 et en sortit sous-lieutenant du Génie. Il fut nommé lieutenant au 18ème Régiment du Génie à Nancy en 1929 puis au 19e Régiment du Génie, à Hussein Dey (Algérie) en 1931. il entra à l’École supérieure d’électricité (section Radio), à Paris en septembre 1932 tout en appartenant à l’établissement central du matériel de la radiographie militaire (ECMR). Promu capitaine en 1933, Gabriel Romon fut nommé en juillet 1935 à l’État-major des armées (EMA) puis exerça un commandement au 38ème Régiment du Génie à Montargis (Loiret).
A la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939 le capitaine Romon fut mobilisé à l’état-major du général George, commandant en chef du Front Nord-est.
Lorsque l’armistice fut signé, Gabriel Romon fit immédiatement le choix de résister, comme en témoignent les courriers à son épouse. Le 28 juin 1940, il fut nommé directeur du Groupement des unités d’écoute et de radiogoniométrie (GER) et le 10 août 1940 directeur technique du Groupement de contrôles radioélectriques (GCR) et en même directeur du Centre d’Hauterive (Allier), sous les ordres du commandant Paul Labat. Le GCR travaillait en réalité pour le 2ème Bureau français et le M16 du « Secret Intelligence Service » (SIS) britannique, auxquels il transmettait ainsi des informations importantes.

En avril 1941, six officiers des Transmissions dont Gabriel Romon et Paul Labat furent mutés ingénieurs civils des PTT, et rattachés au Secrétariat d’État aux Communications, afin de masquer leur activité et de les faire échapper au contrôle de la Commission d’armistice.
Gabriel Romon fut promu chef de bataillon le 25 septembre 1942 et nommé commandant des Transmissions de l’Armée Secrète (AS) en mars 1943. Il devint également agent du réseau Super-NAP en tant que responsable du secteur radio. En même temps il créa un groupe clandestin d’opérateurs radio, le Service des Transmissions nationales (STN) qu’il mit à disposition du réseau « Alliance ».

Depuis l’invasion de la Zone Sud le 11 novembre 1942, la situation était devenue de plus en plus risquée et en juillet 1943 à la suite de l’arrestation par la Gestapo de plusieurs collègues, Gabriel Romon et Paul Labat furent mutés à Paris pour les écarter du danger : Gabriel Romon devint directeur des Services Techniques de la TSF des PTT. Il s’engagea encore davantage dans la Résistance et fut activement recherché par la Gestapo. Revenu passer quelques jours en famille, il fut arrêté par cette dernière à son domicile à Saint-Yorre (Allier), le 12 décembre 1943.
Le commandant Romon fut interné à la prison militaire allemande de Moulins (Allier) puis le 1er février 1944 à celle de Fresnes (Seine, aujourd’hui Val-de-Marne), où étaient regroupés les membres du réseau « Alliance ». Classé « NN » (« Nacht und Nebel »-« Nuit et Brouillard »), il fut transféré le 16 décembre 1943 à la prison de Strasbourg et interrogé par l’Abwehrstelle, le Service de renseignements de l’armée allemande. Le 15 février 1944 il fut transféré à la prison de Kehl (Bade-Wurtemberg), puis le 27 avril 1944 à la prison de Freiburg-im-Brisgau (Bade-Wurtemberg).
Le 24 juin 1944, il comparut ainsi que 23 autres membres du réseau « Alliance » devant le Tribunal de Guerre de Freiburg-im-Brisgau qui les condamna à mort pour espionnage. Le 27 juin ils furent transférés à la prison de Schwäbbisch Hall (Bade-Wurtemberg). Ce n’est que le 20 août qu’ils furent informés du verdict, à savoir : « condamnation à mort par fusillade ».
Le lendemain 21 août, Gabriel Romon et ses compagnons furent conduits à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés par groupes de huit au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant « Vive la France ».
Gabriel Romon fut déclaré « Mort pour la France » et « Mort en déportation » par arrêté du 1er avril 1998. Il fut promu lieutenant-colonel à titre posthume, décoré de la Médaille de la Résistance et fait Chevalier de la Légion d’honneur.
Ses obsèques eurent lieu le 27 décembre 1947 en l’Église Saint-Louis des Invalides, à Paris. Le dernier vœu des 24 condamnés étant « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau « Alliance » qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg.
 

SOURCES : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/- MémorialGenWeb. — Wikipédia « Réseau Alliance » et « biographie du colonel Romon ». — Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l’Allier (AFMD). — divers sites Internet. — Biographie du commandant Romon par le colonel M. Leschi dans La Revue des Transmissions N° 5 octobre 1946. — Biographie de Gabriel Romon par son fils François Romon. — Marie-Madeleine Fourcade « L’Arche de ¨Noé » Fayard 1968. — Auguste Gerhards « Tribunal du 3e Reich », Archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, 2014. — Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004. — Mémorial de l’Alliance. — Archives Départementales de l’Allier, Archives Municipales de Saint-Yorre, Archives familiales. — État civil.

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