Gabriel Rivière (Loup) – Secteur Rond-Point / Bonne mère

Né le 30 novembre 1901 à Marseille (Bouches-du-Rhône), fusillé le 21 août 1944 à Heilbronn(Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; commerçant ; résistant du réseau SR Alliance.

Gabriel Rivière alias « Loup » ou « G.10 » était fils de pâtissier. Après sa scolarité il travailla dans l’entreprise familiale et fit son service militaire dans les tirailleurs africains de 1923 à 1925. Lorsque son père vendit son commerce en 1930, il entra dans une compagnie de navigation.
Membre des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque en 1934, il adhéra après leur dissolution au Parti social ainsi qu’à la Légion des combattants.
Le 28 août 1939, il fut mobilisé dans une brigade de montagne en Corse mais ne participa pas au combat et fut démobilisé le 8 août 1940 avec le grade de lieutenant.
Ne retrouvant pas son emploi précédent, il monta une entreprise de commerce de légumes en gros à Marseille.
Au cours d’une réunion de la Légion des combattants fin 1941, il rencontra Robert Philippe, ingénieur du son de la Radiodiffusion française et opérateur radio au réseau de renseignements militaires « Alliance », qui lui fit rencontrer Marie-Madeleine Méric, chef du réseau. Celle-ci le convainquit d’entrer dans l’organisation et le chargea de créer une branche du réseau à Marseille afin de récupérer des informations sur le trafic portuaire, le matériel transporté et les mouvements de troupes et d’armements en direction de l’Afrikakorps. Il prit le pseudonyme de « Loup » et constitua un groupe d’agents opérant le long de la côte.
Le 5 novembre 1942, il organisa l’exfiltration du général Giraud après son évasion et son embarquement au Lavandou sur le sous-marin anglais HMS Seraph à destination de Gibraltar et de l’Afrique du Nord. Cette opération entraîna l’arrestation des principaux responsables du réseau (Léon Faye*, Marie-Madeleine Méric etc.) par la police française et Gabriel Rivière qui avait échappé au coup de filet fut chargé de l’extraction des prisonniers de leur prison avant l’invasion en cours de la zone sud par les allemands. L’évasion eut lieu le 11 novembre 1942 grâce à la complicité de la police locale. Gabriel Rivière dut se réfugier à Toulouse puis à Lyon où il créa une nouvelle branche de l’organisation chargée de recueillir des informations concernant le trafic et les usines de la vallée du Rhône. Pour des raisons de sécurité il s’installa à Meyzieu (Rhône) où il s’occupait à faire la liste des unités et des officiers allemands qui s’y trouvaient.
Pour des raisons financières il accepta ensuite un emploi au service du ravitaillement à la préfecture de Lyon et devint responsable du secteur de Lyon couvrant les départements du Rhône, de l’Ain, de la Loire, de la Haute-Loire, de l’Ardèche et de la Lozère. Il eut pour mission de recruter de nouveaux agents et de leur attribuer des pseudonymes commençant par la lettre « W ».
Il fut rappelé à Paris en juillet 1943 par le commandant Faye* qui lui confia des missions de récupération de courrier à Autun et Rennes et l’envoi à Londres des renseignements collectés.
Il fut envoyé en septembre à Charleville comme adjoint du chef de la région Nord, pour y créer une nouvelle branche couvrant les départements des Ardennes, de la Marne, de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle mais il fut arrêté à Paris le 18 septembre.
Déporté le 16 décembre 1943 au départ de Compiègne à destination de l’Allemagne, il fut incarcéré aux prisons de Kehl-am-Rhein puis Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg). Le dossier d’accusation d’espionnage daté du 16 mars 1944 comportant les cachets « secret » et « affaire concernant des détenus » fut transmis par le SD de Strasbourg au Tribunal de guerre du Reich. Classé « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard) et jugé les 1er et 2 juin 1944 par le 3e Senat ou Chambre du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser, il fut condamné à la peine de mort, la sentence étant confirmée à Torgau le 17 juin par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal et la grâce refusée le 17 juillet par le Führer Adolf Hitler.
Le 18 août, le directeur de la prison fit le tour des cellules pour prévenir les détenus qu’ils allaient être transférés dans la nuit du 20 au 21 août et que leurs affaires personnelles devaient rester sur place. Ils durent remplir une étiquette indiquant leur adresse en France pour les y envoyer. Dès lors ils comprirent le sort qui les attendait.
Gabriel Rivière et 23 autres codétenus furent conduits en camionnette par groupes de huit, le 21 août à l’aube à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant « Vive la France ».
Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar et le dernier vœu des 24 condamnés étant « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau « Alliance » qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg. Il fut inhumé à la nécropole nationale de Strasbourg-Cronenbourg (Bas-Rhin).
Il obtint la mention « Mort en déportation » par arrêté du 31 juillet 1997.

SOURCES : http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/-Auguste Gerhards « Tribunal de guerre du 3e Reich », archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. du Cherche-Midi, Paris 2014. — « Livre Mémorial des Déportés de France » de la F.M.D. tome 1. — Mémorial de l’Alliance, 1948.— Mémorial GenWeb.

Laisser un commentaire