André Collard (Cactus) – Secteur Ferme

Né le 8 février 1920 à Nogent-sur-Oise (Oise), exécuté sommairement le 1er septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) ; policier ; résistant réseau Alliance.

André Collard alias « Cactus » ou « F4 » était le fils de Paul Aimé et de Pauline Émilienne Menestret. Il se maria le 16 décembre 1940 à Béziers, avec Simonne Marcelle Marie Mathon.  
Inspecteur de police à Amiens, il était en 1940 sergent au 8e régiment d’infanterie. Il entra dans la Résistance en Aout 1943 comme chargé de mission de première classe (capitaine) à la DGER (Direction générale des études et de la recherche) et agent de renseignements du réseau Alliance, sur la Région Normandie secteur « Ferme ».
Il devint chef de secteur du Calvados. Le 26 avril 1944, l’Intelligence Service opta pour l’opération Jeanneton afin d’exfiltrer Andre Collard qui était en danger. Sa réalisation était des plus difficiles. C’était une opération marine, un accostage de vedette rapide sur la côte interdite, où il s’agissait d’aller chercher trois passagers et un courrier. A lui seul, l’acheminement des passagers posait d’ardus problèmes; les bombardements intensifs des voies ferrées avaient commencé et on ne pouvait plus se fier aux horaires des trains; le secteur fortifié était passé au microscope par l’ennemi.

(Extrait de l’Arche de Noe, version première, P 490, Avril 1944 Jeanneton) « Néanmoins, Dampierre se montrait confiant. Le talky-walky n° 1516 qu’il utiliserait lui permettrait à chaque instant de se tenir au contact de la vedette anglaise dont il guiderait l’approche. Ceci représentait, en évitant les signaux lumineux, un progrès notable sur l’opération Popeye qu’il avait vécue sur la côte des Issambres. J’attendais par cette voie un pilote de chasse, Raymond Pezet, au joli nom de Poisson-Volant, qui devait suivre le stage Avia, Amniarix la jeune Druidesse qui avait produit le sensationnel document sur l’arme secrète et André Collard, le policier Cactus, à qui nous voulions donner d’importantes directives pour les zones interdites.

Le 28 avril, à travers les bombardements de voies ferrées, Elie de Dampierre assisté de Castor a réussi le véritable tour de force de rassembler à Tréguier ses trois passagers et leur volumineux courrier. Il les installe au restaurant et prend à vingt heures sur son poste l’écoute de la BBC. Un message personnel lui annonce que l’opération Jeanneton aura lieu le soir même à minuit. Castor part aussitôt quérir Yves Le Bitoux, vétérinaire de l’endroit, qui doit les transporter en automobile jusqu’à Pleubian où l’un de ses amis, François Margeau, les prendra en charge pour leur faire passer les champs de mines qui barrent la zone d’embarquement.

A Pleubian, malgré la nuit noire, Le Bitoux trouve facilement la demeure de Margeau et frappe joyeusement à l’huis. Dans le rectangle lumineux du vantail qui s’ouvre, se découpe la silhouette d’un officier allemand.

Epouvanté par cette apparition, le docteur perd contenance. Amniarix vole à son secours. Elle parle couramment l’allemand et demande calmement à l’officier où se trouve Margeau.  » En face « , aboie-t-il en claquant la porte.

Dampierre décide sur-le-champ de quitter le village. Il fait stopper la voiture dans un chemin de traverse, y laisse le courrier à la garde de Poisson-Volant et du docteur Le Bitoux, et part lui-même s’enquérir d’une voie de repli avec Amniarix et Castor. Un passant leur apprend que la villa de Margeau vient d’être réquisitionnée et leur donne sa nouvelle adresse. Tout n’est peut-être pas perdu.Le quatuor se hâte vers l’endroit indiqué. A peine a-t-il fait quarante mètres dans l’obscurité opaque, qu’il se trouve encerclé par six soldats armés de mitraillettes et de grenades. Les Allemands les refoulent vers la villa réquisitionnée. On les fouille. Fort étonné de constater que leurs papiers sont parfaitement en règle, l’officier qui leur a précédemment ouvert la porte demande à voir l’automobile. Il désigne Amniarix pour l’y conduire.

Que peut-elle si frêle et désarmée contre les mâchoires du piège qui s’est refermé sur eux? La voiture sera prise tôt ou tard. Elle choisit de marcher le plus lentement possible, de parler allemand le plus bruyamment possible pour alerter Le Bitoux et Poisson-Volant dans l’espoir qu’ils s’enfuiront. Pendant que Dampierre et Castor sont gardés à vue dans la villa par quatre hommes armés et un chien loup, Castor parvient non sans mal à faire disparaître en l’avalant le papier ayant trait aux coordonnées de l’opération. La vedette de la Royal Navy, elle au moins, sera sauvée.

Au bout de vingt minutes d’incertitude mortelle, un grincement de roues annonce la capture de l’automobile. L’officier clame triomphalement: « Ce sont tous des espions « , mais il ne ramène avec lui qu’Amniarix et le docteur Le Bitoux. Alerté par les éclats de voix de la jeune fille, Poisson-Volant s’est enfui. Le vétérinaire stoïque est resté: trop connu dans le pays, il n’a pas voulu en se sauvant provoquer de représailles parmi cette population qui lui est si chère.

Comme les soldats poussent dehors les prisonniers, Castor se précipite vers la voiture pour tenter de mettre le feu à ce qui peut rester de compromettant. Il ouvre le coffre. Toutes les valises en ont été retirées et il est repoussé brutalement dans le rang.

Les Allemands entraînent maintenant le petit groupe vers une maison située à une centaine de mètres.

Castor sent alors qu’il tient là sa seule chance. Accélérant l’allure, semant ses gardes, il s’élance vers une grande cour et se rue sur un mur d’enceinte de plus de deux mètres cinquante de hauteur. Les rafales de mitraillettes fusent. Protégé des coups de feu par l’angle mort de la bâtisse, il escalade le mur, saute dans la rue et dévale au hasard, droit devant lui. Il entend qu’on tire, mais la nuit est noire, on le rate. Au bout d’un petit chemin bordé de maisonnettes, il trouve un jardin, franchit la grille, cherche le havre le plus propice, et, au fond d’un bosquet, repère un de ces édicules de bois encore très en usage à la campagne. Là est le salut. Il ouvre la porte, soulève le siège, s’accroupit dans la tinette et attend que la nuit s’achève en épiant les clameurs de la troupe qui patrouillera jusqu’à l’aube dans le village terrorisé.

Aux premiers rayons de soleil, Castor relève prudemment la tête. La propriétaire des lieux se dirige vers l’édicule; force lui est de se présenter:  » C’est moi le fugitif.  » L’excellente femme surmonte sa surprise. Elle refuse cependant de faire entrer Castor dans la maison – les Allemands continuent à fouiller toutes les demeures de Pleubian, interrogent les enfants, barrent les routes; ils ont arrêté Margeau et sa femme; plus de cent habitants sont appréhendés – mais elle retourne aux nouvelles et rapporte bientôt des vêtements et de la nourriture.

Castor revêt un bleu de travail qui le rend enfin convenable tout en changeant son signalement. Il rampe jusqu’à des plants d’artichauts, sous lesquels il se dissimule pendant sept heures. Au début de l’après-midi, sa complice revient dire que la surveillance se relâche. Elle propose sa bicyclette et Castor pédale sur la route de Paimpol, atteint la gendarmerie, y laisse le vélo, attrape un train au vol. A Paris, le lendemain, il retrouvera Poisson-Volant.

« Elie de DampierreAndré CollardYves Le Bitoux, François Margeau et Amniarix la frêle et grande Jeannie Rousseau furent emmenés vers leur destin. »

Il fut déporté en mai sous la classification « NN » (« Nacht und Nebel »-« Nuit et Brouillard ») à destination du camp de Schirmeck (Bas-Rhin), où il arriva par le convoi du 20 mai 1944 et fut interné au block 10 avec les autres hommes du réseau.
Devant l’avance alliée les 106 membres du réseau Alliance détenus à Schirmeck, dont André Collard, furent sur ordre du Haut commandement de la Wehrmacht (OKW) à Berlin, transférés en camionnette par fournées de 12 vers le camp de concentration du Struthof, où ils furent dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, abattus d’une balle dans la nuque à la salle d’exécution puis incinérés dans le four crématoire du camp.
Il obtint les mentions « Mort pour la France » le 28 août 1946″ et Mort en déportation » par arrêté du 29 janvier 2014.
 

SOURCES : http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr- DAVCC, Caen, dossier P 47224 communiqué par Delphine Leneveu.—Marie-Madeleine Fourcade « L’Arche de ¨Noé » Fayard 1968.— Livre Mémorial des Déportés de France de la F.M.D. tome 2.— Auguste Gerhards « Tribunal du 3e Reich », Archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, Le Cherche Midi, 2014.— Mémorial de l’Alliance, 1948.— Mémorial GenWeb. — Wikipédia « Réseau Alliance » et « camp de concentration de Natzweiler-Struthof ».— « État civil »- http://www.tournemire.net/morceaux_choisis.htm

Son nom figure sur la stèle commémorative de l’hôtel de police, à Amiens (Somme), sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) et sur la stèle commémorative de l’Hôtel de Police à Amiens.

Les cendres de mon père sont dispersées avec celles des autres membres du réseau au camp du Struthof. Une plaque commémorative « à la mémoire de » est posée sur la tombe familiale.

Jean-Claude Collard

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